Lettre aux amis et bienfaiteurs - décembre 2020

Lorsque Mgr Marcel Lefebvre mit sur pied la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X il y a cinquante ans, cela fit scandale dans le monde. « Un schisme en Suisse ! », clamèrent les manchettes des journaux. « L’archevêque rebelle ! », fulminèrent les Pharisiens. « Un séminaire sauvage ! », ricanèrent les évêques.

Chers bienfaiteurs et amis,

Lorsque Mgr Marcel Lefebvre mit sur pied la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X il y a cinquante ans, cela fit scandale dans le monde. « Un schisme en Suisse ! », clamèrent les manchettes des journaux. « L’archevêque rebelle ! », fulminèrent les Pharisiens. « Un séminaire sauvage ! », ricanèrent les évêques.

Cinquante ans plus tard, qui avait raison ? Le monde prétendait que Mgr Lefebvre était désobéissant, même si, en même temps, ce même monde proclamait la suprématie de la conscience individuelle ; que l’archevêque n’était tout simplement qu’un autre Protestant, tout en affirmant que les Protestants sont des Chrétiens exemplaires ; enfin, que le fondateur de la FSSPX divisait l’Église, tandis que, toujours d’après le monde, l’Église du Christ est indivisible et existe partout. Mais le monde se trompait lourdement. En fait, c’est Mgr Marcel Lefebvre qui était le plus obéissant de tous.

Vous voyez, l’obéissance ne signifie pas faire tout ce que quelqu’un en position d’autorité vous ordonne de faire. Cela signifie plutôt obéir à Dieu et à ceux qui ont reçu l’autorité de Dieu dans l’étendue et les limites où ils ont reçu cette autorité. Ce que l’obéissance ne veut pas dire, c’est d’obéir à un homme lorsque celui-ci vous ordonne de faire quelque chose qui est interdit par Dieu, ou lorsqu’il vous interdit de faire quelque chose que Dieu a ordonné. Le pape me demande de jeûner ? Je jeûne. César me demande de payer mes impôts ? Je les paie. Mon père me demande de tondre le gazon ? Regardez-moi faire. Jean-Paul me demande d’aller à Assise pour prier pour la paix, « ensemble mais séparément », tous les dieux que les hommes et les anges ont inventés ? Je n’y vais pas. Voilà ce qu’est l’obéissance.

Tout ce que Dieu ordonne est juste et justifiable en soi-même. La raison en est simple : Dieu Lui-même est la règle. Il ne peut ordonner rien qui soit mal ou injustifié. Mais l’homme ? L’homme doit se conformer lui-même à Dieu ; tout ce qu’il fait et tout ce qu’il ordonne doit être conforme à la règle, et la règle découle non pas de l’homme, ni de l’opinion publique, mais de Dieu. « En quoi dois-je obéir à mes parents ? », demande le Catéchisme ? « En toute chose sauf le péché ». Ou encore, comme le stipule saint Pierre : « Il faut plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes » (Actes 5,29).

Donc, qui est le plus obéissant ? Maurice et la légion thébaine qui refuse l’offre de l’empereur de faire un sacrifice à Jupiter, ou le gardien du camp qui malmène le prêtre sur ordre du commandant ? Ou est-ce René qui assiste au nouveau culte parce que « papa a dit qu’il faut le faire », ou Pascal qui reste fidèle à la religion traditionnelle ? Serait-ce le fils qui est à l’aise avec l’adultère de son père, ou plutôt le fils qui défend l’honneur de sa mère ?

Le monde juge selon les critères des courants de l’opinion publique, tandis que Dieu juge nos cœurs et les profondeurs intérieures de nos âmes.

C’est pourquoi les journaux, les Pharisiens, tout comme les cardinaux, étaient dans l’erreur, alors que c’est l’archevêque qui avait raison. Dieu ne change pas. La Foi ne change pas. Lorsque l’obéissance contraint à choisir entre Dieu et l’homme, il n’y a qu’un seul choix possible. Merci, Monseigneur Marcel Lefebvre, d’avoir fait ce choix.

Sincèrement vôtre dans le Christ,

Abbé David Sherry
Supérieur du District du Canada