Lettre aux amis et bienfaiteurs - Février 2015

Quand on demanda à saint Pie X quelle était la première cause des maux affectant le monde contemporain  il répondit : « Nous sommes forcés d'admettre que la raison de l'indifférence, de la faiblesse des âmes et des maux qui en résultent, se trouve dans l'ignorance des choses divines.» 

Chers amis et bienfaiteurs,

Quand on demanda à saint Pie X quelle était la première cause des maux affectant le monde contemporain  il répondit : « Nous sommes forcés d'admettre que la raison de l'indifférence, de la faiblesse des âmes et des maux qui en résultent, se trouve dans l'ignorance des choses divines.» Comme cette lettre s'adresse à nos fidèles, je dois admettre que cet énoncé de notre saint patron s'applique trop bien à notre troupeau. C'est malheureux, mais à l'approche du Carême nous devons tâcher de corriger cette situation.

La foi est un don de Dieu, nous ne l'avons pas en naissant; nous la recevons au baptême et on peut la perdre. Trop de parents ont pris pour acquis qu'en allant à la messe traditionnelle tous leurs enfants suivraient. Malheureusement, ce n'est pas le cas.

 Beaucoup de nos jeunes perdent la foi en arrivant à l'âge adulte et/ou en se mariant. Beaucoup ne savent même pas pourquoi ils vont à la messe traditionnelle plutôt qu'à la nouvelle messe que fréquentent leurs amis ou parents. D'autres traditionnalistes sont tombés dans le sédévacantisme ou sont passés au Nouvel Ordo. Ces deux positions peuvent résulter d'une fausse notion de l'infaillibilité papale ou d'une notion erronée de l'Église.

 «L'ignorance des choses divines» est sûrement la cause de ces tristes situations. Lesquelles ? Demanderez-vous. Je dirais que la première est l'ignorance de la prière. Tous les catholiques devraient savoir par cœur l'offrande du matin, l'Angélus, les actes de foi, d'espérance, de charité et de contrition et savoir dire le Rosaire. Souvent, au confessionnal, quand le prêtre demande au pénitent, s'il connait telle prière classique la réponse est «non». La pratique de l'acte de contrition quotidien aida beaucoup les chrétiens japonais qui, sans prêtres, gardèrent la foi pendant 220 ans. (En passant, nous célébrerons le 17 mars prochain, le 150e anniversaire de la découverte de ces chrétiens persévérants de Nagasaki. Nous en reparlerons le mois prochain.)

L'ignorance du catéchisme est aussi un gros problème. Comment peut-on aimer ce qu'on ignore ? Nous connaissons de nombreuses âmes qui sont vraiment ravies  en découvrant la beauté et la richesse de notre foi catholique : l'Immaculée Conception et le très saint mystère de la Messe. Mais combien, d'autre part, viennent à la Messe Traditionnelle, «la plus belle chose ici-bas, » sans réaliser que c'est un trésor de grâces offert à toute âme de bonne volonté ! Le triste résultat d'une telle ignorance conduit notre jeunesse à rechercher des groupes religieux ou politiques plus stimulants comme le communisme.

David Hyde fut le communiste le plus haut-placé à abandonner le parti pour joindre l'Église Catholique. En 1960 il mit en garde un groupe de prêtres contre la faiblesse et le manque de convictions des jeunes catholiques.

«Une grande proportion de ceux qui deviennent les plus durs dans le parti communiste sont des catholiques baptisés. C'est un fait dur à admettre mais vaut mieux l'accepter en se souvenant que le matériel est le même. Très souvent les communistes se servent et entraînent ceux qui étaient nôtres. Ce n'est pas de la théorie. J'estime que le tiers des chefs communistes de Grande Bretagne sont des baptisés. Probablement que 25% des membres du parti étaient aussi catholiques. Cela s'explique : le catholique qui abandonne sa foi est peut-être le plus avide des gens affamés spirituellement. Il sent un vide qu'il tâche de remplir dans sa vie et le parti communiste s'efforce de le remplir;  parfois, il y réussit  pendant un temps assez long.

 «J'ajouterais, sans l'ombre d'un doute, qu'une des choses que les membres du parti communiste ont en commun c'est leur idéalisme---leur volonté de se sacrifier, leur zèle, leur dévouement à la cause. Les communistes réussissent d'une façon très efficace à promouvoir cet idéal.  »  (Dedication and leadership techniques, 1962)

Et c'est pour le communisme athée qu'ils font cela ? Notre-Seigneur avait bien raison de dire que « les enfants de ce siècle sont plus avisés à l'égard de ceux de leur espèce que les enfants de la lumière.» (Luc 16:8) Combien ignorent la grandeur du mystère de la Rédemption, d'un Dieu qui se fait homme afin de mourir pour nous! «Il m'a aimé et s'est livré lui-même  pour moi.» (Gal. 2:20)  «Car lorsque nous étions encore impuissants, le Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. C'est à peine si l'on meurt pour un juste, et peut-être quelqu'un saurait-il mourir pour un homme de bien. Mais Dieu montre son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Jésus-Christ est mort pour nous. A plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés dans son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère.» (Rom. 5:6-9)

La troisième ignorance des choses divines que nous devrions considérer alors que nous allons bientôt entrer en Carême, c'est notre besoin de pénitence. Souvenons-nous que « si vous ne faites pas pénitence vous périrez tous.» (Luc 13:3) La pénitence doit d'abord être intérieure-- c'est le regret de nos péchés. Alors, durant le Carême, faisons sérieusement une humble confession bien préparée. Notre regret doit ensuite s'exprimer par toutes sortes de petits et de grands sacrifices. Cette mortification chrétienne, on peut facilement la pratiquer dans la nourriture, (quantité, qualité, fréquence --essayons de jeûner sérieusement comme cela est de tradition pour cette époque de l'année ) le sommeil, et autres façons de «traiter durement le corps afin de le tenir en servitude.» (1Cor. 9:27)

Une autre mortification qu'il serait bon de pratiquer durant le Carême serait de se priver de télévision et de tout usage d'internet non- nécessaire. Une des «principales causes de la présente indifférence, de l'infirmité de l'âme et des maux qui en résultent» c'est l'invasion de nos vies, de nos foyers par les techniques modernes. Les parents doivent faire un sérieux examen de conscience car ils sont responsables de tout ce qui entre dans leur foyer. Les techniques modernes sapent tellement l'autorité parentale que beaucoup de parents démissionnent. Dieu merci, quelques-uns se réveillent  mais ils sont trop peu nombreux.

Pour lutter contre cette trop grande ignorance puis-je suggérer plus de lecture spirituelle durant ce saint temps du Carême. Avez-vous lu ces classiques : l'Imitation de Jésus-Christ,  L'âme de tout apostolat, l'Histoire d'une âme,  La vraie dévotion à la Ste Vierge,

Les confessions de saint Augustin, l'Introduction à la vie dévote,  Lettre ouverte aux catholiques perplexes, Le catéchisme du concile de Trente, Le Nouveau Testament ? Si nous ne lisons pas, tôt ou tard nous trahirons Notre-Seigneur et son Église car nous ne saurons pas comment réagir dans les difficultés. «Au temps favorable je t'ai exaucé, et au jour du salut je t'ai secouru.» (2Cor. 6:2)

                 

Bien vôtre au service de Jésus et de Marie,

 

 

Abbé Daniel Couture