Lettre aux amis et bienfaiteurs - Juin 2021 : « Le Mois de l’Humilité »

Juin est le mois du Sacré-Cœur de Jésus.

Chers amis et bienfaiteurs,

Juin est le mois du Sacré-Cœur de Jésus. La dévotion au Sacré-Cœur n’a rien de sentimental ; elle est plutôt basée sur une double raison : primo, parce que le cœur est le symbole universel de l’amour ; secundo, parce que le Cœur de Jésus est personnellement ― « hypostatiquement » ― uni à Dieu. Ceci signifie que le Cœur de Jésus est en fait le Cœur de Dieu. Alors, quelle est l’attitude du Cœur de Dieu ? Est-il vengeur et impitoyable ? Non. Le Cœur divin est suprêmement miséricordieux et se soucie du retour à la vie du pécheur : « Je ne suis pas venu appeler les justes à la pénitence, mais les pécheurs » (Lc 5, 32).

Dieu nous a créés pour Lui-même ; notre destinée est le Ciel. Cela dit, si vous avez à vous rendre quelque part, il vous faut deux choses : une carte routière et un véhicule. Pour se rendre au Ciel, la carte, c’est la vérité; le véhicule, c’est la grâce. Ces deux items nous ont été fournis par Jésus-Christ : « Car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » (Jn 1, 17). Le Seigneur offre tout cela à tous les hommes ; c’est pourquoi l’Église qu’Il a fondée est dite Universelle ou, d’après le terme grec, « Catholique ». Mais ce ne sont pas tous les hommes qui reçoivent Sa grâce et Sa vérité. Elles sont données seulement aux « petits », le Seigneur, qui renvoie les orgueilleux les mains vides, prodigue Sa grâce aux humbles. La raison en est évidente : l’homme orgueilleux est rempli de lui-même, il croit tout savoir. L’homme humble, conscient de son propre néant, supplie Dieu : « Jésus, fils de David, ayez pitié de moi ! » (Lc 18, 38) ; « Si seulement je touche son vêtement, je serai guéri » (Mt 9, 21). Ouvrant ainsi son cœur à Dieu, l’homme est touché et sauvé. C’est pourquoi la porte du salut consiste en cette humilité qui nous fait supplier : « Jésus doux et humble de Cœur, rendez mon cœur semblable au Vôtre ! »

Mais l’homme, dans sa révolte contre Dieu, a dans les temps récents commencé à subvertir ce mois, et au lieu d’apprendre à être humble, il en fait un mois d’orgueil. Ainsi, partout au pays et même ailleurs, des écoles prétendues « catholiques », par exemple à Toronto ou à Waterloo en Ontario, feront flotter le drapeau de la « fierté gaie ». Que nous faut-il déduire de tout cela ?

D’abord, comme en toute chose, il est important de bien définir les termes. « Gai » ne signifie pas « être sexuellementattiré par une personne du même sexe ». L’attraction sexuelle pour une personne du même sexe est une conséquencenormale, quoique comparativement rare, du péché originel. Affirmer que quelqu’un est « gai » signifie qu’il prétend que pécher n’est pas pécher. Permettez-moi d’expliquer davantage : le péché originel nous affecte tous généralement de la même manière, mais aussi de façons qui sont particulières. Nous sommes tous conçus dans un état de séparation d’avec Dieu, et nos passions nous poussent vers le Mal. Nous éprouvons souvent des désirs qui sont mauvais. Relisez le chapitre 4 de la Genèse et voyez où conduit la jalousie « naturelle » de Caïn envers son frère cadet. Chacun de nous peut le percevoir en soi-même : vous souvenez-vous de votre jalousie à l’égard de votre camarade de classe plus doué en dixième année ? Avez-vous déjà ressenti de la colère envers un collègue de travail flegmatique ? N’avez-vous pas été tenté par des pensées impures alors que vous étiez fatigué et déprimé ? Est-ce naturel ? Oui, bien sûr. Est-ce désordonné ? Absolument !
Ainsi donc, étant tous affectés par le péché originel en général, celui-ci nous touche tous en particulier et de différentesmanières. René est particulièrement attiré par le péché de convoitise, mais son esprit n’est pas revanchard. La menue Lise est d’un tempérament férocement vindicatif. Quant à Pénélope, si elle ne prend pas garde à elle-même, elle passerait tout son temps à se demander ce que les autres pensent d’elle (en passant, voici un bon conseil pour vous, chère Pénélope : débarrassez-vous au plus vite d’Orgueilbook et d’Instavanité).

Une tentation particulière qu’éprouvent plusieurs est la luxure, ce qui est tout à fait compréhensible. Notre corps, comme les autres animaux, est pourvu d’instincts, notamment en vue de la préservation de soi-même tout comme de celle de l’espèce. Privés de raison, les animaux sont mus par leurs instincts. Mais l’homme est à l’image de Dieu, par conséquent il est apte à poser des jugements. Le crocodile qui mange un enfant ne commet pas un péché, mais l’enfant qui mange un crocodile pèche par gloutonnerie. Il n’y a pas de tribunal canin pour le crime de fratricide au sein d’une meute de chiens. Mais l’homme qui tue son frère sera puni.

L’homme n’est pas seulement un animal. Il est doté de la lumière de la raison pour juger de ses appétits. Les actes sont légitimes s’ils sont conformes à la juste raison, autrement ils sont mauvais. Lorsqu’il s’agit de l’instinct de préservation de l’espèce, le principe s’applique : les facultés procréatives sont adéquatement exercées lorsqu’elles sont conformes à la raison, mais elles sont utilisées à mauvais escient lorsqu’elles servent à une fin non conforme à la juste raison. C’est pourquoi la luxure est définie en tant que désir déraisonnable du plaisir sexuel. L’essence même du péché contre la chasteté consiste à rechercher le plaisir associé à la procréation tout en étant totalement séparé de celle-ci. Le plaisir sexuel est raisonnable lorsqu’il est associé à ce pour quoi il existe : l’acte conjugal ouvert à la procréation.

Chez certaines personnes, cet appétit peut être plus ou moins dissocié de la raison, et pour certains, cela peut signifier être attiré sexuellement par le même sexe que le sien. C’est l’une des conséquences du péché originel. Par conséquent, ceux qui éprouvent cette attirance n’ont pas à s’inquiéter quant à savoir s’ils sont mauvais eux-mêmes. Ce n’est pas commettre le Mal que d’être tenté par un plaisir déraisonnable, mais ce l’est d’y consentir. Dans le cas de la chasteté, toutes les déviations avec plein consentement par rapport à la raison constituent des péchés mortels. Si ― Dieu vous en préserve ! ― vous mourez dans un tel état, c’est l’enfer qui vous attend. C’est vrai pour tous les péchés mortels et pour chacun de nous. Mais tous ceux qui ont commis le péché mortel ne vont pas nécessairement en enfer : Dieu connaît nos faiblesses ! Pour ceux qui se tournent vers Lui dans une authentique repentance, le pardon est accordé : « Que l’impie abandonne sa voie, et l’homme inique ses pensées, et qu’il retourne au Seigneur, et Il aura pitié de lui ; et à notre Dieu, parce qu’il pardonne beaucoup » (Is 55, 7).

Le péché mortel est grave. S’il est appelé « mortel », c’est parce qu’il tue l’âme. Mais il y a encore plus gravissime : c’est le déni du péché. Si être alcoolique est grave, il est encore plus alarmant de nier être alcoolique quand on l’est. Ou si, étant aveugle, je prétends que la cécité fait jouir de la vue, comment donc pourrais-je penser à chercher un traitement pour en guérir ? Ou encore si, vivant dans l’adultère, j’affirme que commettre l’adultère c’est faire le bien, comment donc pourrais-je rompre avec ce péché et m’en repentir ? Je suis alors comme les sorcières de Macbeth : « Le beau est l’affreux et l’affreux est beau ». C’est là précisément ce que signifie se donner à soi-même l’étiquette de « gai », de même que la prétendue « fierté » qui y est associée. Les militants des « droits des gais » s’acharnent délibérément à forcer le monde à accepter le mal en tant que bien et le mensonge en tant que la vérité. C’est l’attitude de celui qui dit d’emblée : « Mal, sois mon bien ! »

La plupart des gens font « comme tout le monde » et il y en a plusieurs qui, encore une fois à notre époque, sont détournés du droit chemin et enchaînés dans les ténèbres de l’erreur et de l’ignorance. Il ne nous appartient pas de juger de la culpabilité de l’ignorant, ni même du malicieux. Nous devons plutôt essayer de mesurer notre propre culpabilité et pleurer sur nos propres péchés. Ultimement, Dieu jugera tous et chacun, et Sa rétribution sera plus juste que tout ce que nous pouvons concevoir.

Alors, que pouvons-nous faire ?

  1. « Levez-vous, sortez de ce lieu ; parce que le Seigneur détruira cette ville » (Gn 19, 14). Si vous vous vautrez dans la propagande hollywoodienne ou de type Dépravflix, sortez-en au plus vite, parce que « le Seigneur détruira cette ville ».
     
  2. Ne commettez pas le mal. Il ne faut pas consentir à ce qui est mal ni faire d’un mensonge une vérité. Il ne faut, sous aucun prétexte, approuver des relations immorales ou prétendre que ce qui ne constitue pas un mariage en serait tout de même un. Vous ne devez pas, par vos louanges, vos encouragements ou votre approbation, devenir un facilitateur du péché d’autrui.
     
  3. « La principale vertu de celui qui donne une réponse est de connaître la pensée de celui qui pose la question », disait saint Jérôme. On cherche à nous imposer l’acceptation du péché. Il ne faut pas céder, mais si quelqu’un tente de vous piéger, restez silencieux. Si quelqu’un cherche la vérité, invoquez la grâce du Saint Esprit et dites la vérité...
     
  4. Tournez-vous vers le Cœur de Jésus. Restez dans l’humilité et la vérité, parce que la vérité vous rendra libre. « Dans le monde vous aurez des tribulations, mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).

Abbé David Sherry
Supérieur de district.