Lettre aux amis et bienfaiteurs - Mars 2019

Judas et Jean

Chers Amis et Bienfaiteurs,

Le monde est plein de scandales, et malheur à lui à cause d’eux. « Malheur au monde à cause des scandales » (Matth., XIII, 7). Il ne se passe pas un jour sans que nous n'entendions parler d'une nouvelle monstruosité choquante dans notre prétendu monde civilisé. Néanmoins, « rien sous le soleil n’est nouveau, aucun homme ne peut dire : ‘Voici, c’est nouveau’, cette chose a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés » (Eccl., I, 10). La première tentation fut de donner à l'homme le désir d'être « semblable à Dieu ». C’est vraiment ce que sont la théorie du genre, la procréation médicalement assistée, le clonage et l’abolition de la loi morale naturelle, de tous les commandements en fait.

Le scandale est un thème qui revient souvent sur les lèvres de Notre-Seigneur. En effet, qu'est-ce qu'un scandale sinon un effort visant à priver les âmes du fruit de Son œuvre rédemptrice, à rendre Sa Passion inutile ? Ce fut certainement la cause de Son amère agonie : « Quel profit y a-t-il dans l’effusion de mon sang ? » (Ps., XXIX, 10)

Au moment où nous assistons aux efforts massifs visant à corrompre la jeunesse dès ses années les plus tendres - par la télévision, l’internet, les écoles, les dessins animés -, il est bon de rappeler que c’était après avoir affirmé « Je vous le dis, en vérité, si vous ne vous changez de façon à devenir comme les petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux » (Matth., XVIII, 3), que notre divin Sauveur a prononcé ces autres paroles qui doivent être criées haut et fort à ceux qui corrompent notre jeunesse moderne :

« Mais celui qui scandalisera un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attachât au cou la meule qu'un âne tourne et qu'on le précipitât au fond de la mer. Malheur au monde à cause des scandales ! Il est nécessaire qu'il arrive des scandales ; mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive ! » (Ibid., vv. 6-7)

Notre-Seigneur a ensuite parlé des sacrifices que nous devons être prêts à faire lorsqu'il y a des occasions de péché : nous devrions être prêts à « nous couper la main », à « nous arracher l'œil » et à « nous couper le pied » (Ibid., vv. 8-9) afin d'éviter l'enfer et d'aller au Ciel. On peut dire que ce langage est très fort, mais c'est la Sagesse Divine incarnée qui a prononcé ces mots. Il veut que nous évitions l’enfer à tout prix.

La Sainte Écriture nous dit que lorsque Notre-Seigneur a annoncé la trahison de l'un des Douze « L'un de vous me trahira », (Jo., XIII, 21) saint Jean s'est appuyé la tête sur le Sacré-Cœur pour Le consoler de cette trahison. Puis à Jean « s’appuyant sur le sein de Jésus » (Ibid., v. 23) et à lui seul – pas même à Pierre – Notre-Seigneur identifia discrètement le traître.

Je pose la question : Qu'avons-nous fait, nous, et que faisons-nous à la nouvelle de ces lois et actes scandaleux contemporains ? Allons-nous lancer la première pierre, nous qui pouvons penser que nous sommes plus catholiques que tant d’autres ?

Un Augustin bien contrit savait trop bien, et avec de bonnes raisons, le sens de ses paroles lorsqu'il dit : « Il n'y a pas de péché qu'un homme ne puisse commettre, qu'un autre homme a déjà commis, sans l'aide de Celui qui a créé l’homme » ou selon l’expression paulinienne : « Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde – caveat ! - de tomber ». (1 Cor., X, 12)

En ce qui concerne les scandales, nous devons réagir de manière véritablement évangélique, par un triple agere contra : les scandales doivent nous porter à l'humilité, à la satisfaction, à la véritable charité missionnaire.

À l’humilité : quel que soit le triste récit que l’on entend des péchés d’autrui ou de nouvelles lois iniques, rappelons-nous que nous aussi pouvons tomber dans les mêmes péchés, et même dans de pires, sans la grâce de Dieu. « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. » (1 Cor., XV, 10) Nous nous souvenons tous de la déclaration ferme : « Je donnerai ma vie pour Vous ! » (Jo., XIII, 37), prononcée par un Pierre trop confiant en ses propres forces. On sait ce qui s'est passé après. « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jo., XV, 5)

À la satisfaction : comme saint Jean, nous devons aussi consoler le Sacré-Cœur. « J’ai cherché un consolateur et je ne l’ai pas trouvé. » (Ps., LXVIII, 21) Quelqu'un doit faire pénitence pour ces péchés. De nombreuses congrégations religieuses, tels les Capucins, ont cet objectif. À Fatima, Notre-Dame a demandé aux tout-petits de se joindre à cette satisfaction nécessaire pour les péchés des pauvres pécheurs qui pourraient aller en enfer sans nos pénitences.

Les scandales devraient aussi nous porter à une véritable charité missionnaire : « Priez pour la conversion des pécheurs ! » Qui aurait jamais pensé qu'une Madeleine, un Saül, un Augustin, un Ignace, un Alphonse Ratisbonne allaient se convertir et devenir de tels sauveurs d'âmes, dont certains même fondateurs d'ordres religieux, entre les mains de Dieu ? « Car rien n'est impossible à Dieu ! » (Luc I, 37) Quelqu'un a prié et s'est sacrifié pour eux. Et ces prières et ces sacrifices furent exaucés.

Ce sont de beaux exemples que nous pouvons sûrement imiter. Au début du Carême, prenons la résolution de racheter par des prières supplémentaires et des sacrifices (lisez pour cela l'excellent livret De la mortification chrétienne par le cardinal Mercier, disponible à nos Éditions Nova Francia ou dans nos chapelles), aussi par le jeûne et l'aumône, le tout pour compenser les scandales, en particulier ceux visant les jeunes. Ces pauvres âmes si jeunes et pourtant déjà si confuses, terriblement souillées – dont beaucoup ont été endommagées à vie avant d’avoir atteint l’âge de 5 ans, mais pour qui aussi Jésus est mort sur la Croix – ont besoin de notre aide. Examinons-nous aussi, et ôtons de notre milieu toute occasion de péché – les lieux, les personnes, les choses qui peuvent nous conduire au péché - même si elles sont aussi proches qu'un œil, une main, un pied…

Parce, Domine, parce populo tuo, ne in aeternum irascaris nobis.

Prions sans cesse en réparation et pour la conversion des pauvres pécheurs.

Nouvelles du District

Veuillez prier pour la santé de vos prêtres ! Lorsqu'un prêtre doit se retirer du ministère pour des raisons de santé, il y a toujours des conséquences à la fois pour ses confrères et pour les fidèles.

Bien à vous en ce mois de Saint Joseph et cette saison du carême,

Abbé Daniel Couture