Lettre aux amis et bienfaiteurs - mars 2021 : Faisons comme les Tremblay !

Faisons comme les Tremblay !

“Ne vous conformez pas à ce siècle.” (Rm 12, 2)

Faisons connaissance avec la famille Tremblay, qui sont Tradis, c’est-à-dire qui ont une attitude selon la tradition catholique. Ils se vêtent modestement pour aller à la Messe chaque dimanche ; ils récitent le Rosaire en famille la plupart des soirs, et vont même jusqu’à étudier le catéchisme de temps en temps. Mais les Tremblay sont également réalistes : ils savent que la meilleure manière d’être Catholique est d’être ouvert. Par conséquent, la famille est abonnée à Netflix, les enfants ont des comptes Snapchat et sont inscrits à Xbox Live, car il leur faut bien rester en contact avec leurs connaissances et amis. Mais sur certaines choses, il arrive tout de même aux parents Tremblay d’être stricts : par exemple, avant l’âge de douze ans, il est interdit aux enfants d’avoir un compte Instavanité.

L’attitude de la famille Tremblay est donc modelée sur la religion catholique, mais sa culture n’est pas catholique. Pour les Tremblay, la question qui importe est : « Comment puis-je me conformer à ce monde tout en restant Catholique ? »

Mais j’ai de mauvaises nouvelles pour la famille Tremblay : son attitude ne lui est pas bénéfique, et ce, pour la simple raison que la culture l’emporte toujours sur l’attitude. En effet, cela n’a que très peu d’importance si ce que vous dites est bien ou mal, est permis ou interdit. Ce qui compte réellement, c’est ce qui se passe en réalité, ce qui est en réalité fait, et ce qu’en réalité l’on accepte ou tolère.

Les enfants Tremblay savent qu’être Catholique est réellement important en théorie, mais qu’en est-il d’être Catholique en pratique ? En pratique tel qu’ils le vivent, c’est l’esprit du monde qui remporte la mise. Monsieur et Madame Tremblay sont de bien bonnes gens, et ils se demandent : « Pourquoi mes enfants écoutent-ils du rap ? Pourquoi ma fille s’habille-t-elle de cette façon ? » Voici pourquoi : c’est parce que votre vie n’est que partiellement catholique. Si votre culture familiale était intégralement catholique, votre famille serait catholique en réalité.

Il est crucial que votre famille se dote d’un clair code de conduite, et qu’elle le vive. La première règle d’un tel code est celle qu’exprima Sainte Jeanne d’Arc : « Messire Dieu, premier servi » ; Dieu et l’honneur qui lui est dû viennent en premier. Le corollaire, ou la deuxième règle de base, est : il n’est jamais correct de délibérément commettre le péché. La culture est l’expression de ce que vous croyez ; l’ère de la Foi nous a donné la culture de la Foi, tandis que l’ère de l’apostasie nous donne la culture du Malin. La culture de nos jours ambiante est engluée dans le péché, et il importe grandement de ne pas laisser nos enfants en être infectés. Par conséquent, ne jugeons pas les choses en fonction de « ce que tout le monde fait », et considérons plutôt les choses pour ce qu’elles sont en basant notre jugement sur le bon sens et la Foi. Prenons un exemple pratique : quelle sorte de films ou d’émissions télévisées devons-nous regarder ? (La musique et les livres doivent être abordés selon la même règle).

Premièrement, réfléchissons. Lorsque nous avons à décider de faire ou non quelque chose, il faut toujours aborder la chose pour ce qu’elle est en elle-même. Si elle est mauvaise en elle-même, nous ne devons jamais la faire, sous aucune circonstance. Mais si la chose est bonne en elle-même, alors, avant de décider que nous pouvons la faire, nous devons considérer les circonstances. Par exemple : puis-je mentir dans le but d’obtenir une hausse de salaire au travail ? Mentir est mal en tant que tel. On ne peut mentir sous quelque prétexte que ce soit. Nul besoin de considérer le fait que cela m’apporterait plus d’argent, parce que ce fait ne change rien à mon devoir de ne pas mentir.

Un autre exemple pourrait être : étant un alcoolique, puis-je aller dans un bar ? Aller dans un bar n’est pas mal en tant que tel, donc, toutes choses étant égales, pourquoi ne pas y aller ? Mais il faut tout de même tenir compte des circonstances : je suis un alcoolique. Pour moi, aller au bar est donc une occasion de péché.

Appliqué aux films, notre raisonnement doit d’abord nous conduire à distinguer entre les bons et les mauvais films. Les films en eux-mêmes ne sont pas en cause, à moins que leur contenu soit moralement mauvais. Généralement, il y a trois choses qui peuvent faire qu’un film soit moralement mauvais : s’il glorifie le péché ; s’il constitue une occasion de péché ; ou si les images qu’il diffuse sont violentes.

Glorifier le péché signifie que le message du film ou de l’émission télévisée dit que le péché est bon, ou à tout le moins qu’il est désirable et bienfaisant. Dans les années 1970 et 1980 en Irlande, le divorce était inconnu, l’adultère et la fornication étaient largement vus comme étant socialement inacceptables. Puis des téléromans américains comme Dallas et Dynasty ont été diffusés dans les foyers irlandais, mais les chiens de garde de la maison sont restés muets et un mensonge fut facilement avalé par le plus grand nombre : « Voyez tous ces gens riches et séduisants qui vivent dans un beau pays avec de grandes maisons et de grosses voitures. Ils commettent l’adultère mais aucun malheur ne leur arrive. Donc, ça ne peut pas être vraiment mauvais ». Prenons un autre exemple : sur Netflix est diffusée une série, intitulée au Québec Trente raisons, dans laquelle « l’héroïne », qui s’est suicidée, explique et justifie de manière posthume son péché mortel. Ces choses sont mauvaises : elles glorifient le péché. Elles corrompent l’esprit et la volonté, elles ratatinent l’âme.

Constituer une occasion de péché signifie que le film est apte à conduire la personne qui l’écoute vers la commission concrète d’un péché. Cela devient évident si l’immodestie et l’impureté sont exposés dans le film. Ainsi, nous ne devons pas regarder le film récent Wonder Woman, puisque la femme jouant le rôle-titre est vêtue de manière très immodeste. Bien entendu, cela peut ne pas constituer une grave occasion de péché pour les femmes ; mais pour un garçon adolescent ou un homme, ce film pose un réel danger. La modestie vestimentaire protège la pureté ― et perdre sa pureté, c’est perdre l’état de grâce et prendre le chemin vers l’enfer. Ainsi, les parents qui n’enseignent pas à leurs enfants à se protéger contre l’immodestie auront probablement à expliquer au jour du Jugement pourquoi leurs enfants ont perdu leur innocence et aussi pourquoi ― Dieu nous en préserve ! ― ils se sont damnés.

La diffusion d’images violentes rend un film malfaisant parce qu’alors notre imagination sert à des fins malsaines auxquelles elle n’est pas vouée. Notre imagination ne connaît pas la différence entre le bien et le mal, ni entre la vérité et la fausseté. Si vous en doutez, songez aux films d’horreur. Les gens les regardent parce que ces films leur suscitent des frissons ou leur donnent un sentiment de frayeur. Bien entendu, les adeptes de ce genre de cinéma savent que le scénario est entièrement fictif, mais leur imagination ne tient pas compte de ce fait et c’est pourquoi ils ressentent de l’effroi. Les images violentes ne diffusent pas une violence simplement théâtrale, mais plutôt une violence extrêmement réaliste et sanglante.

Dans ces trois cas de figure, regarder ces films serait un péché. Dès lors, il en va de la responsabilité des parents et des éducateurs d’établir et de mettre en vigueur des règles conséquentes et qui concernent autant l’attitude que la culture.

Permettez-moi, chers amis et bienfaiteurs, ce bref aparté : il peut être parfois acceptable de regarder un film qui glorifie le péché, afin de vérifier comment le film en question manipule les émotions et corrompt la vérité. Je me souviens d’avoir regardé un film particulièrement pervers, intitulé Silence, avec un groupe d’adolescents. Nous y avons appris comment les concepteurs du film ont atteint leur objectif consistant à justifier l’apostasie et à promouvoir le panthéisme par le biais de distorsions subtiles et de demi-vérités. La raison pour laquelle nous avons regardé ce film était que, bien que celui-ci glorifie le péché, notre visionnement comme tel ne constituait pas une grave occasion de péché, puisque cela n’a aucunement attisé ni même instillé en nous de passions perverses, et tout danger potentiel à notre foi fut neutralisé par la discussion avec le prêtre qui s’ensuivit. Par contre, il serait mauvais de regarder un film dont le contenu suscite une grave occasion de péché, et ce, même pour un motif d’étude, car en fait, ce serait là prendre le risque de tomber bêtement dans un piège tendu par le démon.

J’ai toutefois de bonnes nouvelles pour la famille Tremblay : il n’est jamais trop tard pour commencer, parce que Jésus et Marie sont toujours à leurs côtés pour les aider à chaque étape du parcours. Et les enfants Tremblay remercieront un jour leurs parents de les avoir sevrés de leur dépendance aux Snapvanité et Enferflix, pour plutôt leur procurer une nourriture saine qui favorise leur croissance globale et qui est propre à faire fructifier leur vie.

Abbé David Sherry
Supérieur de district