Au Canada, la mort à la demande dans une société déchristianisée

Source: FSSPX Actualités

Le nombre de Canadiens ayant eu recours au suicide assisté a presque doublé entre 2017 et 2019, selon un rapport publié par le gouvernement d’Ottawa. Plus d'un tiers de ceux qui ont opté pour une « aide médicale à mourir », évoquent seulement le fait d'être un « fardeau » pour leur famille ou leurs proches.

Le premier rapport annuel sur l’aide médicale à mourir au Canada (AMM) a paru au mois de juillet 2020. Il porte sur l’année 2019, où 5 631 Canadiens ont délibérément mis fin à leurs jours au moyen des protocoles mis à leur disposition. Un chiffre qui représente 2% du total des décès enregistrés au Canada, contre 1,12% en 2018, soit près de deux fois plus. 

Le rapport révèle que le cancer, les affections respiratoires et les troubles neurologiques sont les pathologies les plus représentées chez ceux qui font appel à l’AMM. 

Pour recourir au suicide assisté, le patient doit non seulement être atteint d’une maladie mortelle, mais il doit aussi manifester que son état lui cause une souffrance physique ou psychologique intolérable. 

Mais cette condition est largement dépassée. En effet, dans un peu plus d’un tiers des décès, la souffrance psychologique « intolérable » se limite à se considérer comme « un fardeau pour la famille, les amis ou les soignants ». Dans 13,7% des cas, le sentiment de « solitude et d’isolement » suffit même pour engager le protocole macabre. 

Dans ce contexte, il n’est pas non plus inconcevable qu’un patient vulnérable se trouve poussé au suicide par ses proches ou le personnel médical qui l’entoure. 

En février 2020, le cardinal Thomas Collins, archevêque de Toronto, avait déjà pris la parole afin de critiquer l’élargissement des critères psychologiques et subjectifs encourageant l’AMM aux dépens des soins palliatifs, insuffisamment mis en valeur : « Si tous les Canadiens avaient accès à des soins palliatifs de qualité, ils seraient moins nombreux à demander une injection létale. Mais au lieu de développer une culture globale des soins, nous nous précipitons vers la mort sur demande ». 

Qui plus est, le corps médical au Canada se trouve dans une situation difficile : l’objection de conscience n’existe pas, et la marge pour refuser de procéder à une euthanasie demeure étroite. Que saint Joseph aie pitié de ce pays naguère si catholique.