Des Orthodoxes accusent la Fraternité Saint-Pie X de partialité

Source: FSSPX Actualités

L’article publié le 28 mars dernier « L’Eglise honore sept évêques martyrs du communisme en Roumanie » sur le site FSSPX.Actualités, a provoqué des remous dans le monde orthodoxe. Un site en ligne a accusé la Fraternité Saint-Pie X de parler de manière « partiale et tendancieuse », en oubliant de mentionner certains manquements de Roumains ou d’autres catholiques en communion avec le Siège romain. 

Il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau. Chaque fois que des sites ou des maisons d’édition de la Fraternité Saint-Pie X se sont penchés sur la difficile histoire des relations entre catholiques et orthodoxes, en particulier en Europe orientale, des tentatives ont été faites pour les discréditer, souvent sans avoir souci du détail. Il semble que certains membres de la communauté orthodoxe publiant en ligne ignorent que la Fraternité Saint-Pie X, tout comme son apostolat d’édition, est une œuvre catholique vouée à la production d’actualités, de commentaires et d’études dans une perspective authentiquement catholique. Il est possible que, dans l’esprit de certains, la Fraternité soit « partiale », mais peu importe. Tant que les moyens d’édition de la Fraternité Saint-Pie X restent attachés à l’exactitude factuelle, sous la lumière de la foi catholique, ils s’acquittent de leur mandat avec fidélité. 

Un siècle douloureux 

Il n’est pas douteux que le 20e siècle a apporté de terribles souffrances aux chrétiens d’Orient, indépendamment de leurs appartenances confessionnelles. La révolution soviétique et la propagation du communisme athée en Europe ont lourdement pesé sur les communautés chrétiennes de cette région. Des millions de chrétiens orthodoxes russes, par exemple, ont enduré la persécution, jusqu’à la torture et la mort, aux côtés de catholiques latins et grecs. Certains mouvements nationalistes, séparés des principes du catholicisme, ont réussi à persuader des fidèles de placer « le sol et le sang » au-dessus de l’Evangile, aux dépends des non-catholiques, mais jamais avec le soutien du magistère de l’Eglise. Si certains orthodoxes aiment signaler les erreurs des catholiques égarés, il n’est pas du tout question pour la Fraternité Saint-Pie X de défendre ou d’excuser un comportement qui n’est pas chrétien. 

Cependant, il semble difficile de fermer les yeux sur la complicité orthodoxe dans la destruction systématique de l’Eglise grecque catholique en Europe orientale sous le communisme. L’on se souvient du « pseudo-synode » de Lviv en 1946, tenu sous la pression du NKVD-KGB avec la complicité au moins passive de l’Eglise orthodoxe russe, où un groupe d’ecclésiastiques gréco-catholiques votèrent pour la réunification de leur Eglise au patriarcat de Moscou, alors qu’au même moment, leurs évêques se trouvaient en prison, sous les verrous. Même si certains orthodoxes acceptent aujourd’hui de reconnaître « la terrible vérité du 10 mars 1946 », il n’est pas encore question pour les autorités de revenir en arrière et de restituer les églises qui ont été spoliées aux catholiques. De même, aucune protestation ne pourra effacer le témoignage héroïque de la foi catholique offert par les martyrs susmentionnés en Roumanie, ainsi qu’en Russie, au Belarus, en Pologne ou en Hongrie. 

Un nouveau siècle de malheurs 

Depuis la chute du rideau de fer, en Europe orientale, de nouveaux efforts ont été déployés pour remédier à la fracture entre catholiques et orthodoxes, sans grand succès. La vague œcuménique qui a déferlé sur l’Eglise catholique après le concile Vatican II visait en partie à rapprocher les catholiques et les chrétiens orthodoxes de l’Est. Paradoxalement, l’indifférentisme confessionnel que cet esprit œcuménique a instauré chez beaucoup a incité les branches les plus conservatrices de l’Eglise orthodoxe à remettre en question la fidélité de la religion catholique à ses propres enseignements. En outre, le bouleversement liturgique du rite romain provoqué par l’introduction du Novus Ordo Missæ a laissé un goût amer dans la bouche de nombreux orthodoxes, connus pour leur adhésion stricte à la tradition liturgique. 

Alors que le spectre du communisme s’est retiré de l’Europe, au moins pour le moment, catholiques et orthodoxes ont été confrontés à une nouvelle vague de violence au Moyen-Orient provoquée par l’islam dit radical. Dans le même temps, l’Eglise orthodoxe russe, de concert avec l’Etat russe, poursuit sa bataille séculaire contre le catholicisme grec en l’accusant de bloquer le « progrès œcuménique » avec Rome. Malheureusement, ni le Vatican, ni le pape François lui-même n’ont apporté de soutien aux catholiques grecs malgré la renaissance persévérante de l'Eglise catholique grecque sur ses terres historiques au cours des deux dernières décennies. 

La Fraternité Saint-Pie X, dans l’esprit de son fondateur, Mgr Marcel Lefebvre, continue à dire la vérité sur ces questions et sur les autres sujets concernant la vie catholique et la foi, quoi qu’il en soit du caractère « partial » ou « indésirable » de sa voix pour ceux qui voudraient utiliser l’histoire comme une arme idéologique. Sans refuser une discussion courtoise, la mission de la Fraternité et son apostolat écrit ne seront pas empêchés par des critiques mal dirigées et mal formulées. La Fraternité, à l’instar de l’Eglise universelle dont elle fait partie, n’est pas et ne sera jamais une servante des pouvoirs terrestres, vouée à la promotion du christianisme pour des fins séculières. Le fait que cette réalité puisse confondre et déranger certains orthodoxes orientaux n’est malheureusement pas surprenant.