France : un pas vers l'euthanasie vient d’être franchi

Source: FSSPX Actualités

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), à Paris.

La loi sur l’euthanasie se profile à l’horizon : alors que les Etats généraux de la bioéthique ne sont pas encore achevés, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), instance consultative, a adopté le 10 avril 2018 un avis appelant à légaliser la « sédation profonde explicitement létale » pour les personnes en fin de vie qui en feraient la demande.

Le CESE indique s’être saisi de ce sujet en raison de son attention « aux préoccupations citoyennes sur la question de la fin de vie, exprimées tant au travers de sondages récents que de pétitions en ligne ayant recueilli plus de 350.000 signatures ».

Deux remarques s’imposent : primo, il est étonnant de voir que, sur des sujets aussi importants, des organismes d’Etat se fondent sur des « pétitions en ligne » pour donner des avis lourds de conséquences. Secundo, le CESE a été moins attentif à la pétition contre le « mariage homosexuel » qui avait pourtant recueilli 700.000 signatures : la démocratie serait-elle à géométrie variable, ou est-ce un régime forcément biaisé et manipulé ?

Ce que dit l'avis du Conseil économique, social et environnemental

Concrètement, la 12e préconisation qu'adresse le CESE dans son avis appelle à une nouvelle loi sur « les derniers soins ». Elle donnerait la possibilité à une personne malade de recevoir à sa demande et « dans des conditions strictement définies », « une sédation profonde expressément létale », « y compris à travers la rédaction de directives anticipées ou la désignation d'une personne de confiance ».

L’accès à ce que le CESE n’hésite pas à qualifier de « nouveau droit » est encadré par trois garde-fous, qui seront assurément modulables en temps opportun. Le demandeur devra être 1) une personne majeure ; 2) pouvant justifier d’une « souffrance physique ou psychique inapaisable » et 3) d’une « affection incurable en phase avancée, voire terminale ».

Qui administrera la mort par injection ? Un médecin ou la personne elle-même, indique le rapport, ouvrant ainsi la voie au suicide assisté. Ce « droit » à la mise à mort serait assorti d'une « clause de conscience » pour permettre à « tout médecin de refuser de pratiquer l'acte d’euthanasie. » Du moins pour l'instant.

Certains membres du CESE appartenant à l’Union nationale des associations familiales et à la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens) ont pu obtenir que leurs « divergences » soient mentionnées dans le rapport.

Le triomphe de la Novlangue

L’Alliance Vita a réagi avec vigueur par la voix de son Délégué général, Tugdual Derville. Dans le communiqué publié le 10 avril 2018 et intitulé « Le CESE déguise l’euthanasie ! », il relève le malaise certain qui s'est fait sentir dans l'hémicycle et l'absence totale d'unanimité. Il salue les avis dissidents qui se sont fait entendre avec courage pour souligner « le danger d’une médecine qui intègrerait l’administration de la mort dans sa pratique » - mais n'est-ce pas déjà le cas depuis la loi sur l'avortement ?

Tugdual Derville, par ailleurs fondateur du service SOS Fin de Vie et porte-parole du collectif Soulager mais pas tuer, parrainé par Philippe Pozzo di Borgo, dénonce avec raison les artifices de langage employés : « Le CESE, pour faire avaler l’idée de l’euthanasie, invente une novlangue redoutable. Il présente l’administration de la mort comme : un ‘dernier soin’, ou un ‘soin ultime’, ou encore ‘une sédation profonde expressément létale’ », dénonce-t-il. Et de conclure : « Il faut appeler les choses par leur nom : comment oser prôner un ‘soin’ ou une ‘sédation profonde’ qui empoisonne et tue ? »

La fiction de Georges Orwell serait-elle devenue réalité ? Dans le roman 1984, on peut lire : « Le but du novlangue était, non seulement de fournir un mode d’expression aux idées générales et aux habitudes mentales des dévots de l’Angsoc (nom du régime dans la fiction), mais de rendre impossible tout autre mode de pensée. » (Appendice, les principes du novlangue)

L'appel au président Macron

Le communiqué d'Alliance Vita s'achève par un appel au président de la République. Madame Viviane Lambert, mère de Vincent Lambert condamné par les médecins à mourir affamé et déshydraté, vient de faire de même. Ce lundi 10 avril, Emmanuel Macron s'adressait aux évêques catholiques en les assurant vouloir construire « une politique qui échappe au cynisme ordinaire ». Qu'en sera-t-il vraiment ?