“Fratelli tutti” pour les nuls

Source: FSSPX Actualités

Tombeau de saint François sur lequel le Pape a signé son encyclique

L’encyclique « Fratelli tutti [tous frères], sur la fraternité et l’amitié sociale  » a été publiée le 4 octobre 2020.

Le service des médias du Vatican a cru devoir l’accompagner de huit tableaux explicatifs, car si le message de fraternité du pape François est «  très clair et interpellant (sic)  », selon l’agence suisse cath.ch, «  le texte est néanmoins assez dense, parfois touffu  », on n’ose dire confus… D’où ces huit «  infographies  » qui mettent à la portée du bon peuple la pensée claire-obscure du pontife régnant. C’est «  Fratelli tutti pour les nuls  », avec moult croquis, flèches, formules lapidaires du genre  : «  l’Eglise établit des ponts, abat les murs, sème la réconciliation  »…

En fait, l’encyclique du pape s’appuie sur une pensée qui caractérise son enseignement depuis le début de son pontificat. Selon lui, «  le modèle est le polyèdre, qui reflète la confluence de tous les éléments partiels qui, en lui, conservent leur originalité.  » (Evangelii gaudium, 24 novembre 2013)  ; «  ni la sphère globale qui annihile, ni la partialité isolée qui rend stérile  » (Ibid.). Pas de murs mais des ponts, pas de frontières mais des ouvertures.

Cette idée se retrouve dans Tous frères. Il y est question d’«  une amitié sociale inclusive et une fraternité ouverte à tous  » (n°94) et d’une «  culture de la rencontre  » (n°30), dans laquelle les migrants – quelle que soit leur religion – sont «  une bénédiction, une richesse, un don qui invitent une société à grandir » (n°135).

Citant la Déclaration sur la fraternité humaine d’Abou Dabi qu’il a cosignée avec le grand imam d’al-Azhar, François affirme : « La relation entre Occident [chrétien] et Orient [musulman] est une indiscutable et réciproque nécessité, qui ne peut pas être substituée ni non plus délaissée, afin que tous les deux puissent s’enrichir réciproquement de la civilisation de l’autre, par l’échange et le dialogue des cultures [et des religions  ?].  » (n°136)

Et il ajoute personnellement  : «  Il faut développer cette conscience qu’aujourd’hui ou bien nous nous sauvons tous ou bien personne ne se sauve.  » S’agit-il du salut éternel  ? Non  ! Mais de «  la pauvreté, la décadence, les souffrances, où que ce soit dans le monde, [qui] sont un terreau silencieux pour les problèmes qui finiront par affecter toute la planète.  » (n°137) C’est un salut à ras de terre.

Cette pensée polyédrique – qui se veut une et multiple, simple et complexe, divergente et convergente… – peut légitimement paraître obscure, mais la réalité qu’elle exprime est claire  : son «  amitié sociale inclusive  » exclut  pratiquement  Dieu, et sa «  fraternité ouverte à tous  » est  concrètement  fermée au Christ. Et ce ne sont pas les deux prières – l’interreligieuse et l’œcuménique – en guise de péroraison rhétorique, qui parviendront à nous persuader du contraire.

Là, nul besoin d’infographie. Il n’est pas nécessaire de nous faire un dessin. 

Abbé Alain Lorans