Une solitude qui ne sent pas le confiné

Source: FSSPX Actualités

En cette période de confinement où tant d’hommes politiques, médecins, psychologues, journalistes… donnent leur avis et prodiguent des conseils – bien souvent rendus caducs par les faits –, il nous semble plus utile de consulter un vrai spécialiste de la solitude : un Chartreux dans son ermitage, non pas confiné mais recueilli.  

La vie, ce sont quelques minutes passées ensemble en attendant la grande réunion définitive dans la patrie où il n’y a plus qu’une seule minute... mais une minute éternelle. Ce sera drôle, n’est-ce pas ? Et pourtant c’est bien la vérité vraie et la vraie vie. Et nous pourrions – en nous exerçant peu à peu – commencer à la vivre ici-bas. Vous surtout, à vos longues heures de solitude et de silence où vous ressemblez si bien à un Chartreux dans sa cellule. C’est très difficile parce que c’est très simple, et que nous sommes très compliqués. Aussi le moyen d’y arriver est-il de se simplifier...  

Mon idée, ma grande idée, mon idée que je voudrais unique, c’est que tout est prévu, préparé, ordonné ou permis, et réalisé à chaque seconde par la volonté toute-puissante de quelqu’un qui nous aime. Une âme simple est donc celle qui, au fond de tout ce qui arrive, sait découvrir, adorer, aimer cette volonté. Une vie simple est une vie qui se passe dans l’union de foi à cet amour.  

Remarquez-le, j’ai bien soin de dire : union de foi. C’est là ce qui déroute. Nous voulons voir, nous aimons voir, nous avons besoin de voir. Or la foi croit et ne voit pas. Elle croit ce qu’un autre voit. Quand elle l’aura fait pendant la course de ses journées de la terre, alors elle deviendra vision à son tour. Mais en attendant elle doit s’en rapporter à Celui qui voit et qui est venu nous dire : Voilà la vérité, voilà ce qu’il y a là-haut ; voilà ce qui vous attend et vous sera donné si vous avez confiance en ma parole.  

Ayez confiance. Disposez toute votre vie autour de cette confiance et vous la simplifierez... et vous commencerez, à travers les saisons qui passent, les joies ou les peines qui se succèdent, à vivre un peu la minute qui ne passe plus.  

Dom Augustin Guillerand, Silence cartusien, 2001, p. 54-55