Lettre aux amis et bienfaiteurs - Avril 2020

Paix ! « Je vous donne ma paix ! »

Chers amis et bienfaiteurs,

« Je vous donne ma paix ! » Voilà le grand message de Pâques – que je vous souhaite à tous ! - qui prend une ampleur toute spéciale cette année avec ce que nous vivons en ce moment. Dieu est tout-puissant, rien ne peut arriver sans sa permission et il tire même le bien du mal. Il faut que nous soyons pénétrés de ces vérités toutes simples, sources de paix profonde.

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; je ne la donne pas comme la donne le monde. Que votre cœur ne se trouble point et ne s'effraye point. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez confiance, j'ai vaincu le monde. »

Judas venait à peine de quitter le Cénacle, « il faisait nuit » nous dit un témoin de la scène, et c’est à ce moment-là que Jésus parle à ses plus intimes amis de la paix qu’il est venu apporter sur la terre, dès sa naissance, « aux hommes de bonne volonté ». Cette paix, il la donna avec encore plus de force avec sa victoire sur le péché le Vendredi-Saint, et sur la mort, conséquence du péché, le dimanche de Pâques. Ne l’avons-nous pas tous ressenti d’une certaine façon lorsque, après avoir eu le malheur de tomber dans le péché, nous nous sommes jetés aux pieds du prêtre pour une bonne, sincère et humble confession ? « Allez en paix ! » « Ah ! Ça fait tellement de bien de se savoir en état de grâce ! » 

Dans cette merveilleuse liturgie de la Veillée pascale, nous avons relu l’histoire du miracle le plus spectaculaire dans l’histoire du monde : la traversée de la Mer Rouge par une procession d’environ deux millions de personnes. Ils avaient l’armée égyptienne dans leur dos et une mer infranchissable devant eux. Humainement parlant, c’était la mort certaine, ils étaient pris en étau. Mais Dieu veillait sur son peuple et intervint pour le sauver et lui donner une preuve sans pareille de l’amour infiniment puissant avec lequel il veillait sur cette multitude. Moïse et les prophètes jusqu’à saint Étienne le leur rappelèrent souvent dans les siècles qui suivirent.

Le moment le plus sombre dans la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, humainement parlant, c’était lorsqu’il gisait sans vie, enveloppé et attaché dans son linceul, dans le sépulcre fermé par une grosse pierre. La réaction des disciples le jour de Pâques lorsque Jésus leur apparut montre bien qu’ils avaient vraiment perdue la foi les jours précédents. Pourtant, que de miracles n’avait-il pas opérés devant leurs yeux pour manifester sa divinité, sa toute-puissance, que de fois il leur avait montré qu’il était plus fort que la mort !  « Jésus dit à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point pour toujours. Le crois-tu ? »

« Le crois-tu ? » Voilà la question qu’il nous pose encore à tous en ces jours de confinement.

Nous sommes vraiment privilégiés d’avoir plus de 6 000 ans d’histoire derrière nous pour nous encourager.  L’Histoire Sainte, en particulier avec cette Providence qui multiplia les miracles les plus extraordinaires en plus du passage de la Mer Rouge – la manne, le serpent d’airain, l’eau du rocher et tant d’autres - pour conduire son Peuple choisi jusqu’à la Terre Sainte.  Puis, bien sûr, le Nouveau Testament avec tous les miracles de Notre-Seigneur, dont sa propre résurrection que Pâques rend présente, ainsi que le Saint-Suaire (que l’archevêque de Turin a gracieusement voulu montrer au monde encore une fois hier soir, le Samedi-Saint). Si après toutes ces preuves vraiment apologétiques et historiques, nous doutons encore de son amour vigilant et tout-puissant, Notre-Seigneur a raison de nous dire, comme à saint Pierre : « Pourquoi doutes-tu, ô homme de peu de foi ? »

Nous bénéficions aussi de 2 000 ans d’histoire de l’Église, et quelle histoire fantastique que celle-là ! À la suite du Divin Maître, l’Église a aussi été persécutée, mise à mort, et elle est ressuscitée tant de fois ! « C’est par la foi dans la résurrection », dirait saint Paul, que les chrétiens des trois premiers siècles ont surmonté ces dix grandes vagues de persécutions romaines si sanglantes. Les seuls noms de Dèce, de Dioclétien, que l’on entend souvent au martyrologe, donnent des frissons, mais si eux-mêmes ont dû mourir, l’Église, elle, vit toujours !

« C’est par la foi dans la résurrection » que les Catholiques anglais, irlandais, japonais, que les Vendéens et tant d’autres s’ingéniaient de tant de façons pour cacher leurs prêtres (les priests’ holes), pour avoir la sainte messe (les ‘Mass Rocks’), pour pouvoir communier.  Comme Jérémie, ils disaient : « Nous acquérons notre pain au péril de notre vie ; devant l'épée du désert. »

« C’est par la foi dans la résurrection » que ces peuples catholiques sous les régimes communistes, encore aujourd’hui, souffrent persécution pour leur foi, « eux dont le monde n’est pas digne. Ils sont errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et dans les antres de la terre ».

« C’est par la foi dans la résurrection » que Madame Rose Hu souffrit 26 années dans les prisons communistes avant de devenir membre, quelques années plus tard, du Tiers Ordre de la Fraternité Saint-Pie X. Son autobiographie, Avec le Christ dans les Prisons de Chine, est un des meilleurs livres des Éditions Clovis (disponible au district), c’est à lire pendant ce temps de confinement.  Lorsque le rythme normal de la vie reprendra, il faudra qu’on puisse en écrire un autre : « Avec le Christ à la Maison, en temps de Confinement » !

Si, jusqu’à présent, on s’était cru au Vendredi-Saint de l’Église en la voyant comme mourir, maintenant avec la plupart des églises fermées, les messes défendues, la peur, le confinement, nous sommes certainement passés au Samedi-Saint de l’Église. Cependant, qui dit Samedi-Saint fait référence au jour où la seule qui gardait la foi dans la résurrection de son Fils était sa Mère Immaculée. Tous les samedis sont les jours de la sainte Vierge à cause de ce premier Samedi-Saint. Donc, c’est encore elle qui sauvera la foi de l’Église, elle, Notre-Dame-de-la-Sainte-Espérance, qui rallumera dans l’âme et le cœur de tous ses enfants la foi dans la résurrection et l’espérance du Ciel.

« Il est ressuscité comme il l’a dit ! » Alleluia !

« Les portes de l’enfer ne prévaudront pas », « comme il l’a dit ! » Alléluia !

Abbé Daniel Couture 

Supérieur de district

Le 12 avril, 2020

Pâques