Lettre aux amis et bienfaiteurs - Février 2020

Ils ne l’ont pas couronné

Chers amis et bienfaiteurs,

Dans son livre, Ils l'ont découronné, Monseigneur Lefebvre développe les arguments d'une de ses batailles principales, c'est-à-dire celle pour la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ. S'appuyant sur l'enseignement des Papes, il montre que l'une des principales erreurs des ennemis de l'Église, qui fut malheureusement acceptée à Vatican II, est la doctrine de la séparation de l'Église et de l'État. C'est la pire conséquence sociale de ce que l'on appelle le libéralisme. Au Québec, cela a un autre nom, ça s'appelle la révolution tranquille.

Il est facile de comprendre qu'il est mauvais pour un homme politique d'être catholique à la maison, mais non au travail. Il faut être logique. On ne peut pas être contre l'avortement dans sa vie privée et être pour dans sa vie publique. C'est une marque de libéralisme, qualifié comme quelque chose d’incohérent, à double face.

L'État a donc tort, comme le dit Léon XIII dans son encyclique Immortale Dei, et Pie XI dans Quas Primas, de refuser de reconnaître la vraie religion et la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Mais le libéralisme peut aussi aller dans le sens inverse. Ce serait une sorte de libéralisme pour nous, catholiques, que de refuser de nous engager dans la politique, de nous contenter de notre vie catholique quotidienne, de notre petit monde, et de ne pas nous impliquer, selon notre devoir d'État et nos responsabilités, dans la vie sociale et politique de notre nation. Nous disons dans notre vie privée : « Que votre règne arrive », mais dans notre vie publique, nous ne faisons rien pour que ce règne arrive. Cela aussi est illogique, incohérent. En agissant de la sorte, nous refusons de couronner Notre-Seigneur Jésus-Christ, de Le faire régner dans la sphère publique. Dans la prière de Pie XI au Christ Roi, nous disons : « Je promets de faire triompher, selon mes moyens, les droits de Dieu et de son Église ». En effet, cela doit se faire chez soi et dans tous les domaines publics dans lesquels nous sommes, chacun d’entre nous, impliqués.

En annexe à cette lettre mensuelle, nous avons rassemblé quelques textes de Mgr Lefebvre tirés de divers sermons des 15 dernières années de sa vie. Il a lutté contre cette erreur perfide qui s'est répandue parmi les hommes d'Église, qui prétendent que les États doivent être sans religion. C'est ce que le cardinal Ratzinger appelait un « espace social autonome ». En d'autres termes, cela signifie que les politiciens ne seraient pas liés par les Dix Commandements, par l'obligation d'honorer publiquement Notre-Seigneur Jésus-Christ. Pour cette raison, on a supprimé dans la liturgie réformée après Vatican II la strophe suivante de l'hymne de la fête du Christ Roi : « À toi, que les chefs des nations rendent les honneurs publics ; que te confessent maîtres et juges, que lois et arts portent ton empreinte. »

Mgr Lefebvre a également rappelé avec force à tous les fidèles de ne pas enterrer les talents qu'ils ont reçus et de s'impliquer activement dans les fonctions publiques, y compris la politique, afin de faire régner Notre-Seigneur Jésus- Christ. Les extraits des sermons du 23 septembre 1979 et du 30 octobre 1988, qui suivent cette lettre, le montrent très clairement.

Par où commencer ? Notre Seigneur a souvent soigné les corps en vue de guérir les âmes. La loi naturelle est clairement une condition préalable à l'ensemble de la religion catholique. À l'heure actuelle, lorsque nous regardons autour de nous ceux qui travaillent avec succès pour renverser la tendance libérale - voyez la Pologne, la Hongrie et les États-Unis - le premier champ de bataille politique est clairement la bataille pour la vie, la bataille pour sauver les enfants, la famille, les personnes âgées.

L'homme veut être comme Dieu, il veut changer l'ordre, les lois de la Création. Le combat pro-vie est véritablement un combat pro-Dieu, ou comme l'écrivait saint Pie X dans sa première encyclique, c'est « le parti de Dieu », c'est un combat pour restaurer les droits de Dieu éclipsés par les droits de l'homme. C'est une façon idéale pour commencer la restauration de toutes choses dans le Christ.

Il est important de voir la situation dans son ensemble, car nous pouvons facilement être découragés par la puissance des ennemis de l'Église - qu'ils soient francs-maçons, communistes ou musulmans - et, par conséquent, nous pouvons perdre la foi en la toute-puissance de Dieu. « N'ayez pas peur, petit troupeau ! J'ai vaincu le monde. » « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. » « Tout pouvoir », a-t-Il dit. Cela signifie que le mal n'aura jamais le dernier mot, que Dieu est si puissant qu'Il peut tirer le bien de ce monde moderne si corrompu, de la crise dans l'Église.

L'un de ces biens est de nous sortir de notre apathie, car, comme il a été dit, « la seule chose requise pour que le mal triomphe est l'inaction des honnêtes gens ». Combien de fois des héros cachés, des hommes et des femmes ordinaires, ne se sont-ils pas manifestés en temps de guerre ou de calamité ? Nous sommes dans une telle période et nous avons besoin de héros.

Cherchons toutes les occasions d'aider le mouvement pro-vie, en particulier lorsqu'il existe une possibilité de gagner du terrain dans le domaine politique afin de renverser le courant contre-nature qui balaie notre pays, « a mari usque ad mare ». Il est triste de constater que le Canada est tragiquement devenu l'un des pays dans le monde les plus opposés à la vie.

On ne peut jamais dire qu'une conversion est impossible. Tout le monde peut se convertir. De persécuteur acharné de l'Église primitive, Saul est devenu saint Paul, l’Apôtre des Gentils. Après la guerre, le pape Pie XII a converti un rabbin juif ; un de ses prélats a converti le chef de la Gestapo allemande à Rome ; le film récent Unplanned rappelle la conversion de la directrice d’une clinique d’avortement non seulement à la cause pro-vie mais aussi, finalement, au catholicisme. L'Église catholique est la seule institution qui soit à 100% pro-vie, et lorsqu’un militant pro-vie non catholique est vraiment logique avec lui-même, il sera finalement conduit par la grâce de Dieu à entrer dans l'Église catholique.

Soyons logiques. Soyons catholiques non seulement chez nous, mais aussi dans nos fonctions civiles et professionnelles. Travaillons à la venue du royaume de Notre-Seigneur Jésus-Christ en nous impliquant, même politiquement, lorsqu'une opportunité nous est offerte, lorsque la Providence nous ouvre des portes inattendues. Le combat pro-vie est exactement cela.

Au service du Christ Roi de sa Mère Immaculée, notre Reine.

Abbé Daniel Couture

Supèrieur de District


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Le 2 février, un séminariste canadien recevra la soutane dans notre séminaire américain.

N'oubliez pas les pèlerinages à Écône en juin, et à Lourdes et autres sanctuaires à la fin du mois d'octobre. Voir la lettre mensuelle de janvier 2020 pour plus de détails.