Lettre aux amis et bienfaiteurs - Janvier 2019

La persévérance chez les jeunes

Une étude a été faite récemment sur le taux de persévérance dans la pratique de la foi chez les jeunes de quelques-unes de nos chapelles. Il s’agit d’un peu plus de 200 jeunes, garçons et filles, sur une période de 17 ans (1985 – 2002). Car la persévérance de nos jeunes est vraiment un problème universel sur lequel nous devons nous pencher, tant les prêtres que les parents. La foi est un don surnaturel, et qui dit don dit quelque chose de reçu et qui, par conséquent, peut se perdre. Dans tant de nos familles, peu de jeunes survivent, c’est-à-dire continuent à pratiquer sérieusement leur foi, quand ils arrivent à l’âge adulte. Que devons-nous donc faire pour s’assurer qu’ils continuent à pratiquer leur foi et à rester sur le sentier ardu et étroit qui conduit au Ciel ? Les parents doivent se rendre compte de ce qui marque le plus leurs jeunes dans leurs années de formation et agir en conséquence.

Cette étude considère précisément les différents éléments majeurs qui ont joué sur la formation de ces jeunes : la famille, la pratique du père, l’école, le mouvement de jeunes.

Commençons avec la vie à la maison : 85% des enfants d’un mariage harmonieux continuent de vivre leur foi, alors que 58% des jeunes d’un mariage non harmonieux ne la pratiquent plus.

L’influence du père est aussi un élément majeur : 80 % des jeunes dont le père pratique régulièrement demeurent fidèles, alors que là où le père ne pratique pas du tout, 84% de leurs jeunes font de même.

Pour ceux qui ont reçu toute leur scolarité dans nos écoles : 85% continuent à pratiquer, donc seulement 15% ont lâché. En revanche pour ceux qui n’ont pas été scolarisés du tout dans les écoles de la Tradition, 61% ont lâché même la messe du dimanche.

Pour ceux qui ont fait partie activement d’un mouvement de jeunes (style MJCF en France ou KJB pour le monde allemand), 92% continuent de pratiquer, et pour ceux qui n’en ont pas fait partie, 61% ne pratiquent plus.

Et quand on met ensemble ces trois critères - un mariage harmonieux, une école traditionnelle et un mouvement sérieux de jeunes - on arrive à une persévérance de 98,6% chez ces jeunes ! C’est impressionnant ! Seulement 1,4% de jeunes qui ont subi l’influence de ces trois puissants éléments ne pratiquent plus. Qui potest capere, capiat ! Comprenne qui pourra !

Ce qui transcende ces trois domaines, la famille, l’école et les vrais amis, c’est sans aucun doute la pratique de la vertu fondée sur le sacrifice et l’effort, la formation de la volonté et du caractère. Cette étude du confrère s’arrête là, à ces trois domaines, mais elle aurait pu ajouter aussi le pourcentage des vocations sorties de ces trois groupes. Quelles sont les causes les plus influentes sur l’éveil des vocations ? La famille arrive certainement en premier lieu, suivie de l’école et des groupes sérieux de jeunes.

Peu après Noël, notre Supérieur général faisait précisément référence à cela, donnant une des clés du mystère de la vocation :

« Je suis persuadé que la vraie solution pour augmenter le nombre de vocations et leur persévérance ne réside pas en premier lieu dans des moyens humains et pour ainsi dire « techniques », tels que bulletins, tournées apostoliques ou publicité. Tout d’abord, une vocation a besoin pour éclore d’un foyer où l’on aime Notre-Seigneur, sa Croix et son sacerdoce ; un foyer où l’on ne respire pas l’amertume ni la critique envers les prêtres. C’est par osmose, au contact de parents véritablement chrétiens et de prêtres profondément imprégnés de l’esprit de Notre-Seigneur, qu’une vocation s’éveille. C’est à ce niveau-là qu’il faut continuer à travailler de toutes nos forces. Une vocation n’est jamais le résultat d’un raisonnement spéculatif, ni d’une leçon qu’on a reçue et avec laquelle on est intellectuellement d’accord. Ces éléments peuvent aider à répondre à l’appel de Dieu, seulement à condition de suivre ce que nous avons dit précédemment ».

Une âme qui veut se consacrer à Dieu veut se consacrer par le fait même à l’œuvre de la Rédemption, au salut des âmes. Or la Rédemption s’est faite par la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Cette âme doit donc avoir la volonté de se sacrifier pour cette cause sublime, doit ainsi avoir l’esprit de sacrifice, de renoncement, c’est inévitable. Et, nous dit avec raison l’abbé Pagliarani, cela doit d’abord venir de la famille, de l’exemple des parents, de l’amour de la Croix dans le cœur des parents. C’est exactement ce que Mgr Lefebvre prêchait il y a maintenant 40 ans devant 20 000 personnes lors de son Jubilé d’or sacerdotal. Après avoir décrit les fruits de la Sainte Messe surtout en Afrique, il remonte aux motifs profonds de la transformation de la société par la Sainte Messe : « c’est le sacrifice ».

« La notion du sacrifice est une notion profondément chrétienne et profondément catholique. Notre vie ne peut pas se passer du sacrifice dès lors que Notre Seigneur Jésus-Christ, Dieu Lui-même, a voulu prendre un corps comme le nôtre et nous dire : « Suivez-moi, prenez votre croix et suivez-moi si vous voulez être sauvé », et qu’il nous a donné l’exemple de la mort sur la croix, qu’il a répandu son Sang…

« La compréhension du sacrifice dans sa vie, dans la vie quotidienne, l’intelligence de la souffrance chrétienne, ne plus considérer la souffrance comme un mal, comme une douleur insupportable, mais partager ses souffrances et sa maladie avec les souffrances de Notre Seigneur Jésus-Christ, en regardant la Croix, en assistant à la Sainte Messe qui est la continuation de la Passion de Notre-Seigneur sur le Calvaire.

« Comprendre  la souffrance, alors la souffrance devient une joie, la souffrance devient un trésor parce que ces souffrances unies à celles de Notre-Seigneur, unies à celles de tous les martyrs, unies à celles de tous les saints, de tous les catholiques, de tous les fidèles qui souffrent dans le monde, unies à la Croix de Notre-Seigneur deviennent un trésor inexprimable, un trésor ineffable, deviennent d’une efficacité extraordinaire pour la conversion des âmes, pour le salut de notre propre âme. Beaucoup d’âmes saintes, chrétiennes, ont même désiré souffrir, ont désiré la souffrance pour s’unir davantage à la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. Voilà la civilisation chrétienne. »

Faisons donc de même et nous verrons persévérer nos jeunes et éclore de nombreuses vocations !

Bonne et sainte année à tous et le Paradis à la fin de vos jours !