Lettre aux amis et bienfaiteurs - l'Assomption de Notre-Dame - août 2020

L’Assomption

Chers amis et bienfaiteurs,

C’est avec un certain serrement de cœur que je vous écris cette dernière lettre mensuelle, à quelques jours de la grandiose fête de l’Assomption. Depuis ses tout débuts, la vie de la Fraternité Saint-Pie X est vraiment ponctuée par les fêtes mariales. Mgr Lefebvre a voulu que l’engagement dans la Fraternité se fasse le 8 décembre, aux pieds de l’Immaculée ; on reçoit la sainte soutane le 2 février, signe de notre future oblation sur l’autel ; et c’est le 15 août, en la fête de l’Assomption que les mutations ont lieu, que chacun prend son poste dans la vigne du divin Maître, certains pour un mandat d’une durée déterminée, d’autres selon la volonté des supérieurs. Comme nous le lisions dimanche dernier dans l’épître, « c’est le seul et même Esprit qui produit tous ces dons, les distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît ». Nous ne sommes vraiment que des instruments dans la main du Dieu.

Prendre un nouveau poste, pour plusieurs membres de notre institut chaque année en cette fête de l’Assomption, est lourd de signification quand on pense à ce mystère lui-même.

L’Assomption, ce n’est pas seulement le fait de la montée au Ciel de la très sainte Vierge en corps en en âme. C’est aussi son couronnement, donc sa prise de possession du trône prévue de toute éternité, « avant la création du monde », pour la Mère de Dieu, au-dessus des neuf chœurs des Anges et de toute la myriade des saints, du trône pour cette Vierge qui, par son privilège d’avoir donné au Sauveur son corps humain, est devenue « parente de Dieu », comme nous explique le Révérend Père Garrigou-Lagrange dans son traité de mariologie.

Ce trône, ce degré de gloire, de vison béatifique, correspond, pour la sainte Vierge – comme ce sera pour nous –, à son degré de charité à la fin de sa vie. Par conséquent, tout fut disposé dans la vie de la très sainte Vierge à la faire mériter sans cesse des accroissements de charité pour arriver à ce que saint Paul appelle « la mesure de la stature parfaite du Christ » pour elle.

Et voilà un aspect de ce mystère que nous pouvons tous imiter : la Providence divine, qui nous prépare une place au Ciel à nous aussi, dispose de tout dans notre vie pour que nous arrivions au moment de notre mort au degré de charité voulu de Dieu, qui nous donnera cette « mesure de la stature parfaite du Christ », qui nous méritera cette place qui nous attend au Ciel.

Par conséquent, quand un prêtre de la Fraternité Saint-Pie X prend un nouveau poste en la fête de l’Assomption, ce mystère, cette pensée du Ciel qui nous attend, devient comme un « principe et fondement » de son nouvel apostolat. Cela vaut aussi pour les âmes qui reçoivent, de par la volonté de Dieu, un nouveau prêtre dans leur vie.

Je remercie le Ciel profondément pour ces six ans passés auprès de tous mes compatriotes, pour avoir eu l’occasion de voir le travail impressionnant de mes prédécesseurs depuis les années 1970, l’occasion aussi de fortifier de mon mieux « les bastions de la Fraternité » que sont nos prieurés et nos écoles, et pour avoir arrosé ce qui avait été planté avant moi, en priant que Dieu fera croître le tout avec abondance. J’aurais tant aimé être parmi vous encore quelques années pour continuer à faire face, avec mes confrères si généreux et vous tous, à ces temps difficiles que nous vivons depuis cinq mois et qui risquent d’empirer dans les mois qui viennent.

Je ne trouve pas de meilleures paroles pour terminer que les paroles mêmes de Notre-Seigneur à la veille, lui aussi, de quitter ses apôtres si chers à son Cœur. Il leur annonçait des temps difficiles à venir, mais leur promettait qu’il serait avec eux dans leurs épreuves. Ces versets sont tirés des chapitres 15 et 16 de saint Jean. Ils s’adressent aussi à nous en 2020.

« Tout sarment qui porte du fruit, (mon Père) l’émonde, afin qu’il en porte davantage.

C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit, et que vous soyez mes disciples.

Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés : demeurez dans mon amour.

Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, pour que vous alliez et que vous portiez du fruit, que votre fruit demeure, et que le Père vous accorde ce que vous lui demanderez en mon nom.

Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.

Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier.

Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait en propre ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait.

Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que le maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront.

Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés.

Ils vous chasseront des synagogues ; et même l’heure vient où quiconque vous fera mourir croira faire à Dieu un sacrifice agréable.

Et ils agiront ainsi, parce qu’ils n’ont connu ni mon Père, ni moi.

Mais je vous l’ai dit afin que, lorsque l’heure sera venue, vous vous souveniez que je vous l’ai annoncé. »

Gardons donc, tous, les yeux fixés sur le Ciel, sachant que notre Père qui est dans les cieux est tellement plus puissant que tous ceux qui nous veulent du mal, qu’Il tirera un plus grand bien de tous les maux qui peuvent nous arriver, si nous demeurons dans Son amour.

Que le Bon Dieu veille sur nous, que l’Immaculée soit sans cesse à nos côtés, « maintenant et à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il. »

Daniel Couture
Supérieur de district

Le 12 août 2020