Lettre aux amis et bienfaiteurs - Octobre 2018

Nos frères chinois sacrifiés

Chers Amis et Bienfaiteurs,

Le pape François a conclu un accord avec la Chine qui concerne la nomination des évêques, et en mêmetemps qui reconnaît que les évêques de l’Association Patriotique Chinoise, qui est dirigée par le parti communiste, sont en communion avec le pape. Non seulement il s’agit d’une véritable tragédie pour les catholiques persécutés chinois, mais cela vient aussi à un moment mal choisi, puisque la persécution contre l’Église catholique a même augmenté au cours des derniers mois.

Nous savons, de par notre catéchisme, que quatre éléments sont nécessaires pour la validité d’un sacrement : la matière, la forme, le ministre et l’intention, et si l’un de ceux-ci manque, le sacrement est invalide, si l’un est douteux, le sacrement est douteux.

Maintenant, ce que je sais de source certaine, c’est que c’est un fait que dans l’église patriotique chinoise,il y a un doute assez généralisé sur la validité de leurs propres consécrations épiscopales, et par conséquentsur leurs ordinations sacerdotales. La preuve en est que certains prêtres patriotiques, doutant de la validité deleur ordination, se font réordonner par des évêques souterrains, et certains évêques patriotiques ont égalementdemandé aux évêques souterrains de les consacrer à nouveau. Quels sont les motifs de ce doute théologiqueconcernant la validité du sacrement des saints ordres ?

Mgr Li, évêque clandestin de Luoyang et dont le tombeau a été récemment profané, a écrit une étude, dans les années 1990, pour prouver l’invalidité de ces ordinations. Bien que certains de ses arguments ne soient pas vraiment thomistes (concernant l’intention du ministre, en particulier, mais le clergé chinois n’a pas vraiment de formation scolastique), le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont jeté un sérieux doute sur la validité des ordinations.

Il y a au moins deux motifs sérieux de ce doute, basés sur le témoignage, fait à Mgr Li, de deux des quatre premiers évêques qui ont commencé la lignée des évêques patriotiques en 1958. L’un d’eux a admis avoir simplement omis les mots exacts de la forme de la consécration des évêques (ce que l’on peut facilement faire, si, sous la torture, on veut « faire du sabotage » : il suffit de sauter quelques mots latins de la forme, et le sacrement devient invalide). L’autre évêque a admis avoir eu une intention contraire explicite lors des cérémonies de consécration. Sur la base de ces deux témoignages, on pourrait conclure à l’invalidité claire des consécrations épiscopales que ces deux évêques ont accomplies, mais il faut se rappeler qu’il y a en général (mais en Chine cela ne se fait pas toujours) trois évêques pour une consécration épiscopale, précisément pour s’assurer qu’au moins un d’entre eux va le faire correctement.

Ajoutons que dans les cinq premières années qui ont suivies ces premières consécrations, de 1958 à 1963, environ 52 évêques ont été consacrés pour cette nouvelle église schismatique. Donc, les choses se compliquent. C’est la Chine, ne l’oublions pas ! C’est pourquoi nous pouvons conclure à une validité douteuse, mais non à une invalidité certaine. C’est pourquoi des prêtres et des évêques de l’église patriotique ont demandé à être ré-ordonnés et re-consacrés.

Le pape François, suivant le pape Jean-Paul II, cherche l’unité des catholiques chinois, ceux de l’église souterraine et ceux de l’église patriotique. Mais peut-il y avoir une unité avec une soi-disant église qui, en plus d’avoir des ordres douteux, accepte l’avortement et le divorce ? En raison de la politique de l’enfant unique, une réponse commune des prêtres patriotiques aux femmes qui attendent leur deuxième enfant et demandant des conseils est : « Je comprends votre terrible dilemme. Ayez un avortement : je prends votre péché sur moi ». Au contraire, les bons prêtres souterrains encouragent les femmes à se préparer à changer de ville et de province afin de garder leur deuxième ou troisième enfant, ou de payer l’amende lourde.

En 1996, à Manille, le pape Jean-Paul II avait exhorté les catholiques chinois à oublier leurs divisions passées et à s’unir. Mais comment peut-il y avoir une unité avec une Église dirigée par le parti communiste et qui n’observe pas officiellement les dix commandements ?

Le pape François a déclaré que l’église souterraine, qui, soit dit en passant, est la seule véritable Église catholique  en Chine souffrira à la suite de cette affaire. « C’est vrai », a dit le pape, « ils vont souffrir. Il y a toujours  des souffrances dans un accord. »

Comment ces papes peuvent-ils ignorer près de 70 ans de camps de travail, des dizaines de milliers d’évêques, de prêtres et de fidèles généreux emprisonnés, torturés et martyrisés pour leur foi et leur amour de l’Église catholique romaine ? J’exhorte nos lecteurs à lire l’histoire de Mme Rose Hu (+ 13 octobre 2012), intitulée « Avec le Christ dans les prisons de Chine » (Éditions Clovis, en vente à la maison du district canadien pour $20) pour avoir une idée de la tactique communiste mise en oeuvre pour détruire la foi. Mme Hu, qui était professe du Tiers-Ordre de la Fraternité saint Pie X, a passé 26 ans dans des camps de travail chinois et a écrit ses mémoires à la demande de son directeur spirituel, le Père Aidan McGrath, le prêtre qui a introduit la Légion de Marie en Chine dans les années 1940. Regardez le petit témoignage qu’elle a faite en 2003, suivi d’un parallèle intéressant entre la doctrine de la nouvelle Messe et les idées communistes : https://sites.google.com/site/credo2019/communist-persecution (il y des sous-titres en français).

Dans le présent accord avec la Chine, il semble que la seule cause de la division soit dans la nomination des évêques. « Aujourd’hui », a déclaré le cardinal Parolin, le Secrétaire d’État, le 25 septembre, « pour la première fois, tous les évêques de la Chine sont en communion avec l’évêque de Rome. » Incroyable ! Ce qui nous sépare de l’église patriotique chinoise est beaucoup plus que la seule question de la nomination des évêques. C’est toute la foi catholique romaine, la validité des sacrements, les dix commandements, la nature du régime communiste athée, et que d’autres choses encore !

Le pape Pie XI a été très clair dans son encyclique contre le communisme en 1937 : « Veillez, Vénérables Frères, à ce que les fidèles ne se laissent pas tromper. Le communisme est intrinsèquement pervers, et l’on ne peut admettre sur aucun terrain la collaboration avec lui de la part de quiconque veut sauver la civilisation chrétienne. Si quelques-uns, induits en erreur, coopéraient à la victoire du communisme dans leur pays, ils tomberaient les premiers, victimes de leur égarement ». (Divini Redemptoris, n. 58)

Ce que nous vivons maintenant est encore une autre page confirmant les avertissements de Notre-Dame de Fatima sur la propagation des erreurs communistes dans le monde entier. Écoutons son message, prions le chapelet tous les jours, surtout pendant ce mois d’octobre, et supplions le Ciel pour la consécration de la Russie.

Bien vôtre en ce mois du Rosaire,

Abbé Daniel Couture

Supérieur de District